Agnès Collet
Pouvez-vous nous parler de vous et de votre parcours ?
J’ai un diplôme universitaire de langue, une maitrise. J’ai d’abord travaillé en station de ski puis je suis revenue sur Paris pour travailler en entreprise comme secrétaire bilingue. Par la suite, j’ai eu un poste d’assistante de direction bilingue, tout en développant des activités artistiques en parallèle. J’ai mis un certain temps à quitter mon emploi salarié dans une entreprise pour passer à temps plein dans l’artistique.
J’ai profité de circonstances particulières dans mon entreprise et je me suis lancée dans une formation rapide en management culturel en 2003. Je me suis alors reconvertie à temps plein dans le domaine artistique. J’avais travaillé auparavant dans la danse contemporaine pendant une vingtaine d’années et dans le théâtre où je faisais partie d’une compagnie semi-professionnelle.
J’ai fait le choix de me professionnaliser dans le domaine musical, car c’était ma discipline artistique la plus aboutie. Je me suis consacrée à une carrière à temps plein en tant qu’auteure compositeur de chansons à partir de 2003. J’étais jusque là ce qu’on peut appeler une amatrice éclairée. Petit à petit, j’ai transformé ma passion en une activité régulière et rémunérée. En 2005, j’ai obtenu le statut d’intermittente du spectacle et je le suis encore aujourd’hui.
J’ai par ailleurs eu un accident de vie au cours duquel j’ai perdu la vision. Cela m’a obligé à ajuster mon activité à cet handicap visuel.
Aujourd’hui, en 2022, quelles sont vos activités et comment gérez-vous celles-ci ?
En tant qu’artiste, il n’est pas possible de créer une micro-entreprise. La seule option est « intermittente ». Aujourd’hui, je continue mon activité en tant qu’interprète en chantant dans un cabaret très régulièrement.
Je développe également d’autres activités. J’ai joué à l’hôpital avec des associations et j’ai donné des concerts pour des seniors dans des EHPADs. Grâce à l’accompagnement de H’Up et de l’Inclusion, j’interviens également dans le secteur des crèches pour lequel j’ai créé un spectacle adapté.
Je produis aussi mes propres spectacles avec mes compositions depuis une vingtaine d’années. Et pour ce faire, je collabore avec une association qui a été créée en 2012. Elle m’accompagne comme producteur et assure les frais avec moi.
Dans le monde du spectacle, comment avez-vous vécu la crise sanitaire des deux dernières années ?
Ayant une activité de salariée régulière avec plusieurs engagements, j’avais mon statut d’intermittent. Pendant cette période où je ne pouvais plus travailler, j’ai pu avoir un soutien financier. Il faut savoir que le statut d’intermittent n’est pas un acquis éternel. Le risque avec cette crise était de perdre mon statut si je ne remplissais plus les conditions.
Quelles est votre relation avec H’up ?
Lors de mon inscription, une personne d’ H’Up a rédigé un profil sur ma situation pour que je puisse bénéficier d’un accompagnement. Cela a pris un peu de temps, mais j’ai pu bénéficier d’un suivi pour mon projet pendant 6 mois.
La personne qui m’a accompagnée travaillait elle-même à Linklusion notamment auprès des travailleurs indépendants en situation de handicap. Sa mission consistait à me conseiller dans le développement de mon projet artistique. Elle m’a encouragée à développer le côté pédagogique de mon travail, notamment dans le réseau de crèches. J’ai ainsi créé un spectacle adapté à ce réseau. Nous avons ensuite démarché les crèches pour leur proposer une représentation musicale.
J’ai joué dans six crèches d’une même société et j’ai participé à un reportage sur France 2. Une personne a vu le reportage et a acheté le spectacle pour une crèche en Ile de France. C’est un projet sur le long terme qui doit s’adapter à la saisonnalité des crèches.
Y’a-t-il un moment ou un évènement qui vous vraiment marqué ?
Je dirais que c’est un métier qui peut couvrir différentes opportunités. J’ai gagné plusieurs concours sur mon activité artistique en 2004/2005. Il y a également eu beaucoup d’évènements ponctuels qui ont eu un impact important. Par exemple, j’ai joué en Alsace à plusieurs reprises. J’ai fait aussi plusieurs tournées à la rencontre de nouveaux publics.
Les spectacles à Paris sont également de beaux défis car il y a un beaucoup d’enjeux et la concurrence est forte sur la scène parisienne. A chaque nouveau spectacle, le fait de le présenter au public et de voir sa réaction est un évènement en soi.
Par exemple, j’ai joué très récemment dans un lieu inhabituel dans une petite station de ski en Savoie. J’ai donné 2 concerts, un pour des scolaires et un pour les adultes. J’ai rencontré des gens qui m’ont très bien accueillie. Un article dans le journal local s’en est suivi. J’en garde un très beau souvenir.
On travaille dans la continuité, on creuse son sillon et on essaie de se faire connaitre d’un public plus large. C’est un travail de longue haleine et chaque pas qui est fait est un évènement.
Quelle a été votre plus grande appréhension ?
J’inverserais la question en disant que la plus grande satisfaction est de voir le public sortir heureux du spectacle. L’appréhension vient si l’on ne sent pas prêt ou si l’on redoute des imprévus.
Le secret est dans la préparation. C’est la seule manière d’arriver au bout d’un projet. Il faut une anticipation positive du travail et livrer le meilleur de nous-mêmes.
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